Chaque jour, une poésie d'auteurs connus ou d'autres injustement oubliés.
CONCLUSION A Maurice Rollinat J'ai rêvé les amours divins, L'ivresse des bras et des vins, L'or, l'argent, les royaumes vains, Moi, dix-huit ans, Elle, seize ans. Parmi les sentiers amusants Nous irions sur nos alezans. Il est loin le temps des aveux...
LA NAISSANCE DU PRINTEMPS AVRIL renaît Voici ses rubans et ses flammes Ses mille petits cris ses gentils pépiements Ses bigoudis ses fleurs ses hommes et ses femmes je lui fais de ses couleurs tous mes compliments Dieu que de baisers fous sur l'appui...
TOUT PARADIS N'EST PAS PERDU Le coqs de roche passent dans le cristal Ils défendent la rosée à coups de crête Alors la devise charmante de l'éclair Descend sur la bannière des ruines Le sable n'est plus qu'une horloge phosphorescente Qui dit minuit Par...
AUTOMNE Dans le brouillard s'en vont un paysan cagneux Et son boeuf lentement dans le brouillard d'automne Qui cache les hameaux pauvres et vergogneux Et s'en allant là-bas le paysan chantonne Une chanson d'amour et d'infidélité Qui parle d'une bague...
CONGE AU VENT A flanc de coteau du village bivouaquent des champs fournis de mimosas. A l'époque de la cueil- lette, il arrive que, loin de leur endroit, on fasse la rencontre extrêmement odorante d'une fille dont les bras se sont occupés durant la journée...
Pervigilium Mortis IV (multo post addit poeta) Laissez-vous assombrir, fleur noire, courbes d'urne, Long corps fluide et sauf des brumes du Léthé. Disparaissez du soir dans l'univers nocturne. La couleur qui s'éteint remonte à la clarté. Libre des dieux,...
PARIS SANS ISSUE Rue de Sèvres, Une porte cochère avant le magasin Le Tournis, Midi, et l'été Sur l'asphalte suspend tous les élans. Une jeune femme, La ligne d'ombre de sa jupe nue Est complice de son corps charmant, Poursuit un rêve éveillé, Assise...
AMERS IV (extrait) "Avec nos pierres étincelantes et nos joyaux de nuit, seules et mi-nues dans nos vêtements de fête, nous nous sommes avancées jusqu'aux corniches blanches sur la mer. Là terrestres, tirant La vigne extrême de nos songes jusqu'à ce point...
LE POMMIER A force de mourir et de n'en dire rien Vous aviez fait un jour jaillir, sans y songer, Un grand pommier en fleurs au milieu de l'hiver Et les oiseaux gardaient de leurs becs inconnus L'arbre non saisonnier, comme en plein mois de mai, Et des...
PLAIN CHANT II Mauvaise compagne, espèce de morte, De quels corridors, De quels corridors pousses-tu la porte, Dès que tu t'endors ? Je te vois quitter ta figure close, Bien fermée à clé, Ne laissant ici plus la moindre chose, Que ton chef bouclé. Je...
EL DESDICHADO Je suis le ténébreux, - le veuf, -l'inconsolé, Le prince d'Aquitaine à la tour abolie : Ma seule étoile est morte, - et mon luth constellé Porte le Soleil noir de la Mélancolie . Dans la nuit du tombeau, toi qui m'as consolé, Rends-moi le...
Extrait de Leçons (1966 - 1967) Un simple souffle, un noeud léger de l'air, une graine échappée aux herbes folles du Temps, rien qu'une voix qui volerait chantant à travers l'ombre et la lumière, s'effacent-ils, il n'est pas trace de blessure. La voix...
UNE FEMME CREAIT LE SOLEIL Une femme créait le soleil En elle Et ses mains étaient belles La terre plongeait sous ses pieds L'assaillant de l'haleine fertile Des volcans Ses narines palpitaient ses paupières se baissaient Empesées par le lourd limon de...
QUELLE EST BELLE LA TERRE Qu'elle est belle la terre, avec ses vols d'oiseaux Qu'on entrevoit soudain à la vitre de l'air, Avec tous ses poissons à la vitre de l'eau ! La peur les force vite à chercher un couvert Et l'homme reste seul derrière le rideau....
LE CANCRE Il dit non avec la tête mais il dit oui avec le coeur il dit oui à ce qu'il aime il dit non au professeur il est debout on le questionne et tous les problèmes sont posés soudain le fou rire le prend et il efface tout les chiffres et les mots...
ILS VIVAIENT LA Ils vivaient là parmi les trophées et les chaînes, Passagers en transit et seuls, et gravissant des marches, des degrés, des paliers, des échelles, toujours plus haut, et silencieux. La nuit des temps s'entrouvrait un instant pour eux....
POESIE Ce qu'il me faut : un grand baquet de lune pour y laver le linge de mes nuits. J'ai trop aimé le vin qui ne me grisait pas, la nappe rouge, l'alcool, et ce piège d'un millier d'années, poésie. Dans l'étouffement des chambres d'Auteuil des enfants...
JE REVAIS DE TOUCHER... Je rêvais de toucher la tristesse du monde au bord désenchanté d'un étrange marais je rêvais d'une eau lourde où je retrouverais les chemins égarés de ta bouche profonde j'ai senti dans mes mains un animal immonde échappé à la...
SOLITUDE Seul, avec ce bruit lointain de vie Qui passe inconnue et hâtive Comme la mienne, De vie aux mains pleines de suie Tressant la lumière pour qu'elle retienne Le ruissellement des jours, Seul, avec ce bruit que font sur terre Tous les fleuves au...
POUR QUE DEMEURE LE SECRET... Pour que demeure le secret Nous tairons jusqu'au silence Nul oiseau n'est coupable Du tumulte de nos coeurs La nuit n'est responsable De nos jours au fil de mort Io n'est que grande innocence Et des colonnes en marche Mais...
SOIR A CARACAS Un nuage mauve dans les tamarins Qui replient leurs feuilles Une maison née du dernier soleil Les montagnes brunes se mêlent au ciel La choeur des insectes survit à tout Les voitures chantent Et s'en vont vers la mer La solitude n'est pas...
LES ENVOLES Nous voulons quitter la famille natale et notre natale bruyère. Là le ciel n'a plus d'échelons pour les enfants de la révolte. Nous voulons quitter la maison barbare et non inspirée : dans les doigts du feu, les pinceaux, les flammes. Le vent...
PLUIE La pluie gifle un carré de bouleaux frissonnants Sur un coteau jauni balayé par le vent... L'automne est une demeure d'or et de pluie, Dans ses étages transparents des corbeaux crient. Déjà derrière les troncs gorgés d'eau, la neige Emplit l'air...
LES TEMPS ETRANGES Vinrent cette année-là Des temps étranges Des chaleurs des frimas Des pluies des fanges Des nuages de poussière Sur les champs les rues Les arbres qu'ils arrosèrent Poussèrent plus dru Vinrent cette année-là Des fruits étranges Non...
UNE FENÊTRE OU SE PENCHER Je ne crois plus aux naufrages. Il y a un masque bleu au fond de tous les puits ; Les porteuses de pains se succèdent, Les vies se souviennent d'autres vies. Il restera toujours une fenêtre où se pencher, Des promesses à tenir,...