Chaque jour, une poésie d'auteurs connus ou d'autres injustement oubliés.
J'ARRIVE DANS LA NUIT...
J'arrive dans la nuit
comme dans une grande orfèvrerie
abandonnée,
et c'est le feu qui ne brûle plus rien,
seul, d'une haute lignée de flammes
et ses vieilles terrines de cendre
sa noble suie,
un feu tout droit lent et cérémonieux,
qui se passe de ses bûches,
de son Dieu,
un feu plus léger qu'une poignée de tilleul
avec sa braise curieuse,
il éclaire parfois la nuit comme un voleur.
Il est du temps des torches,
du temps des mots qui bougent avec les ombres,
du temps des oiseaux meurtriers et des fourches,
du temps de l'ambre.
Un oiseau le taquine à sa manière,
et ses flammèches sont tantôt plumages ou toisons,
mais jamais aucune main ne le rompt
comme le pain.